PARTIE 1 – PRISE EN MAIN ET DÉMONTAGE

Salut à tous,

Je vous propose de me suivre à travers une petite saga en 4 épisodes sur un sujet qui me passionne : le montage de canne!

Plus précisément, je traiterai dans ces articles d’une rénovation-transformation d’une canne.

Lorsque Ludo a mis en vente sa canne Orvis Access Tip Flex 10ft #5 sur Gobages, il n’a pas fallu très longtemps pour que, dans ma petite tête, un déclic se produise…

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La canne est vraiment dans un excellent état! prête à pêcher, sans aucun soucis.

Il s’agit d’une canne un peu atypique sortie en 2013 (10 ans déjà!!!) qui est passée plutôt inaperçue sur le marché Français mais qui a eu son petit succès outre-atlantique, avec d’excellents avis sur la presse mouche.

J’avais essayé cette canne il y a quelques années déjà et j’avais trouvé qu’elle avait un caractère spécial, quelque chose d’un peu particulier qui m’avait bien plu déjà à l’époque.

Orvis avait réalisé là une canne légère (88g à la pesée réelle et non pas 78g – 2,3/4 oz – comme indiqué sur la canne) au blank très conique et rigide avec, comme son nom l’indique, un scion souple et sensible (tip flex). C’est toute la particularité de cette canne.

Les emboitements, carbone brut sur carbone brut, bien pensés pour une tenue sans problème et bien ajustée.

Le montage est propre et l’accastillage de très bonne qualité, anneaux serpentiformes, liserés, points d’alignements, comme très souvent chez Orvis. Cependant, la poignée liège AAAA half wells ultra-fine peut être un peu gênante à la prise en main.

Le porte-moulinet alu est équipé d’un très joli insert assorti au blank et tagué à la marque, c’est très élégant et bien pensé.

L’épine du blank est parfaitement respectée, signe du montage made in USA de l’époque.

Bref, voilà une excellente base pour rénover/customiser la canne dans une utilisation très polyvalente sèche/nymphe/noyée, ma canne 10′ actuelle étant vraiment typée sèche à longue distance.

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Avant tout montage et/ou rénovation d’une canne, l’étude du blank est la base pour essayer de comprendre chaque action que l’on va entreprendre. Ses caractéristiques propres, ses mesures et son poids à vide, brin par brin.

je sors la balance électronique, le pieds à coulisse, le matériel de mesure et c’est parti! Je vous passe les détails des mesures dont la précision n’intéresse que moi et qui ne sont pas l’objet du sujet. mais il y aura quand même quelques chiffres à regarder de près, plus tard dans l’aventure.

Après avoir pris la canne en main, étudié et mesuré de près chaque brin, je suis  interloqué par le faible poids du talon de la canne. Orvis a volontairement souhaité gagner le poids de sa canne sur ce brin, avec un porte-moulinet très léger une poignée liège très fine sur un blank très conique avec peu d’épaisseur de matière (moins de 1 mm).

C’est donc la forte conicité qui donne sa puissance à cette canne, et du coup, sa raideur naturelle dans les 2 plus gros brins. Il s’agit ici d’un choix fort dans la conception du blank. Les autres brins ont des poids « standards » voire un peu lourd pour une 10ft #5.

Le fait que le talon soit léger donne un petite sensation de déséquilibre vers l’avant de la canne qui peut être désagréable, elle a tendance a piquer du nez.

Autre remarque après avoir passé une soie dans les anneaux, la charte de positionnement de ces derniers ne me parait vraiment pas optimum! il y a des ventres à combler surtout au niveau du scion. Pour la position des anneaux, je traiterai du sujet plus complètement dans une partie suivante de l’article, parce qu’il y a beaucoup à dire! 😀

On peut voir ici la courbure particulière de ce blank avec un scion souple et les 3 autres brins rigides.

Par ailleurs,  il est rare de trouver un anneau de départ aussi bas sur une canne 10 ft qui est conçue pour du casting. Rarement le premier anneau de départ est placé sur le talon, les adeptes de la double-traction en seront gênés, assurément. C’est par contre un avantage en nymphe au fil.

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Allez, on attaque le massacre! 😀

Démontage (déglingage en règle!) de la poignée, des anneaux de départ, des ligatures d’emboitements mâle et femelle sur le talon et le 3ème brin.

Premier constat, le manque de colle sous la poignée, toute une zone n’était pas collée. Et puis démontage du porte-moulinet, des anneaux et ligatures sur les autres brins.

Deuxième constat, plus grave celui-ci, les pieds de certains anneaux n’ont pas été bien meulés (ils l’ont pourtant été, c’est bien visible!) et le blank est marqué à 2 endroits sous les pattes d’anneaux 🙁

C’est une certitude, sur une accumulation de gros poissons ou de gros efforts, la canne aurait cassé!

TEMPS PASSÉ :

Environ 6h en tout

– Environ 4h de test de la canne et de mesures diverses (en 2 fois 2h)
– Environ 2h de démontage

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Fin de la première partie… À très bientôt pour la suite des aventures!

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PRÉCISIONS IMPORTANTES :

Afin qu’il n’y ait aucune ambiguïté, à aucun moment je ne prétends savoir mieux que quiconque concevoir et réaliser une canne à mouche, et surtout pas mieux que ORVIS, qui fait un travail d’excellente qualité depuis des années et des années.

Cet article traite de mon appréhension du montage d’une canne à mouche, du type de montage imaginé pour ce que je recherche comme fonction à cette canne et adapté à ma façon bien particulière de pêcher! 🙂

D’un point de vue purement technique, le montage de canne ne modifie en rien les qualités intrinsèques d’un blank. Ni son action, ni sa puissance, ni sa rapidité. Un blank possède des caractéristiques techniques, physiques, dynamiques, il les conserve, n’en gagne pas, n’en perd pas au montage.

Le montage est là pour faire en sorte que l’utilisateur de la canne retrouve les caractéristiques du blank en action de pêche. Souvent le montage de la canne en restitue la majorité sans que l’on ait besoin de se poser des questions, mais il arrive parfois qu’il en gâche. C’est ainsi…