PARTIE 4 – CANNE TERMINÉE & TESTS

Salut à tous,

Voici enfin la dernière partie de cette rénovation de canne qui, comme souvent dans cette discipline, n’a pas été sans surprises 🙂

Mais quel plaisir et quelle satisfaction que de pouvoir, le travail terminé, se balader au bord de l’eau avec une jolie canne bricolée de ses mains!

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La réparation, la rénovation ou l’amélioration de tous types de cannes à mouche est ce qui m’a permis de pouvoir avoir entre les mains beaucoup de belles cannes, des plus anciennes aux plus modernes, dont certaines d’exceptions, que je n’aurai jamais pu toucher ou acquérir autrement.

De fait, j’ai pu emmagasiner des tas de données et d’informations techniques par rapport aux différentes manière de monter, à l’évolution des carbones, aux conicités des blanks, l’utilisation des matières, des équipements et etc.

C’est à mon gout ce qui rend le sujet passionnant par rapport au montage classique sur un blank lambda neuf du commerce.

Et puis c’est dans l’air du temps, il faut savoir conserver, recycler, rénover! Bien souvent nous changeons de canne sans véritable raison, alors que nous avons des bijoux entre les mains, ou pire, qui dorment dans le garage… 🙁

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LE COMPARATIF TECHNIQUE

La canne étant maintenant terminée, comparons ce qui est devenu comparable! 😉

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1ère remarque, il ne faut pas tenir compte de la ligne « poids du brin nu » du premier tableau, en regardant les photos, je me suis rendu compte que j’avais pesé alors que je n’avais pas encore enlevés les vernis des ligatures d’anneaux et d’emboitements… le poids du blank nu est donc faux.

Rien de grave, concentrons nous sur l’essentiel, les autres mesures n’amusent que moi! 😀

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2ème remarque d’ordre général, malgré l’alourdissement du talon, la canne est resté quasiment au même poids total!

Comme expliqué au chapitre 3, j’ai pris beaucoup de temps à choisir le skeleton du porte-moulinet. Je savais que placer du poids au bout du talon aurait vraiment de l’importance dans la nouvelle répartition des charges de la canne.

Attention quand même, lorsqu’on parle répartition de poids, en partant de 88 grammes pour une 10′ #5, il faut bien garder à l’esprit que tout est relatif. On parle de décalage de poids sur la canne à quelques grammes!

Dans le cas présent, je préfère amplement parler de sensation d’équilibre du poids de la canne, qui comme expliqué dans le chapitre 1 et le chapitre 3 la canne avait tendance à faire ressentir un basculement vers l’avant, « piquer du nez ». Ce n’est qu’une question de répartition, mais d’un point de vue général, la sensation d’équilibre est bien meilleure maintenant.

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3ème remarque importante, il faut dire que la canne était vraiment très chargée en vernis sur l’ensemble du blank, vernis coloré d’abord, vernis translucide épais ensuite. c’était visible à l’œil nu!

Les ligatures étaient bien chargée en vernis également et il y en avait 2 par anneaux puisque la canne était montée en serpentiforme.

En complément, j’ai changé les 2 anneaux de départ bien costauds du montage de base par des Fuji ELNSG, bien plus légers et parfaits pour ce type de canne.

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Et puis mine de rien, les anneaux serpentiformes d’origine étaient certes en inox, inusables, mais lourds! Le scion qui a gagné un anneau (5 au lieu de 4) a quand même perdu du poids.

C’est flagrant sur le porte-scion qui a perdu un anneau (3 au lieu de 4) qui a vraiment fait une cure d’amaigrissement! les 4 anneaux serpentiformes et tout ce qui va avec (8 ligatures d’anneaux + 2 ligatures d’emboitement) impactaient vraiment en poids sur ce brin de même pas 10 gr et de fait, sur cette zone de la canne.

Quand on joue sur la sensation d’équilibre, au gramme près, tout a de l’importance. En la matière, je pense avoir réussi mon coup. 🙂

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LES PHOTOS AVANT/APRÈS

Voici donc cette canne rénovée et transformée !

Changement de look, un peu plus de sobriété peut-être, tout en conservant un petit air d’origine. Avec ces 2 vues d’ensemble Avant/Après, on peut facilement se rendre compte du changement de position et de nombre d’anneaux par brins.

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Changement de style pour la poignée avec une réplique de la poignée des Orvis 3F d’aujourd’hui, puis une révision complète du porte-moulinet tout en conservant l’insert d’origine.

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Conservation de la signature d’origine avec encadrement par ligature à liseret or. Accroche-mouche sous ligature noire.

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Anneaux monopattes en remplacement des serpentiformes (sauf pour le 1er anneau) sous ligatures acajou. Ligatures d’emboitement noires avec points d’alignements au tinsel 0.5mm or. Remplacement de l’anneau de tête et de sa ligature.

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Le skeleton du porte-moulinet aluminium d’origine couleur légèrement « champagne » ne me plaisait pas. Je trouvais qu’il n’étais pas forcément très assorti au reste de la canne. Le nouveau, un peu dans le même style technique a gagné en sobriété!

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La poignée d’origine était construite dans du liège d’excellente qualité, mais beaucoup trop petite pour ma main, trop fine d’une manière générale. Malheureusement, je n’ai pas réussi à conserver cette qualité de liège, mais la forme est plus adaptée…

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LES ESSAIS

La rénovation pour l’esthétique c’est bien, la transformation technique c’est mieux! 😀

Toutes ces opérations n’eurent aucun intérêt si l’objectif n’avait pas été de faire gagner à cette canne un peu de précision à longue distance et corriger ce petit défaut de sensation de déséquilibre vers l’avant.

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Afin de pouvoir comparer objectivement, je vais répéter les tests que j’avais réalisés lors de la réception de la canne, suivant toujours le même protocole.

Avec comme comparaison ma canne 10′ qui sert de référence depuis le départ de l’opération, elle qui justement sait être précise avec beaucoup de soie dehors, aidée de ma canne 9′ #5/6 ( la même que celle-ci) qui est redoutable de précision et d’équilibre.

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IMPORTANT : Lorsqu’on teste une canne, il faut toujours s’appuyer en même temps sur 1 ou 2 cannes que l’on connait parfaitement en terme de poids, d’équilibre, de sensations.

Vous lancez d’abord avec vos cannes habituelles, puis vous lancez avec la canne que vous souhaitez tester. vous aurez là une sensation réelle de ce que la canne procure et non pas une impression que vous ne pourrez pas confirmer. La nuance est très importante.

3 Repères placés à 10/15/20 mètres, Mouche Pompon au bout du bas de ligne, objectif atteindre les repères, et c’est parti pour une petite cession de lancers!

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Au premier abord, j’aime bien la nouvelle sensation que donne la canne en main. Avec un moulinet de 148 grammes (à vide) le contre-poids est bon pour mes sensations à moi.

Les premiers faux-lancers sont plus agréables que ce que j’avais éprouvé la première fois, on sent bien les appuis dans le scion, ce qui n’était pas forcément le cas avant.

Puis bonne surprise, là où je n’arrivais pas à poser correctement à 15 mètres auparavant, c’est sans problème maintenant! La canne charge mieux dans la partie haute, la soie reste bien plus linéaire en l’air et j’arrive à garder une boucle serrée.

A 20m c’est beaucoup moins évident pour moi qui suit un piètre lanceur, mais j’y suis arrivé tout de même à quelques reprises! 😀

Voilà, la canne est prête maintenant pour une nouvelle vie de pêche, qu’elle soit la plus longue et heureuse possible!

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Fin de la série, en espérant que cette saga vous aura intéressée.

TEMPS PASSÉ :

Environ 8h en tout

– Environ 1h assemblage et montage poignée + porte-moulinet,

– Environ 2h30 de ligatures  sur les 4 brins,

– Environ 1h30 (3 cessions de 0h30) pour la pose du vernis sur les ligatures,

– Environ 3h de tests de la canne terminée.

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TEMPS TOTAL DE RÉNOVATION :

– Environ 30h passées sur cette canne. La passion masque clairement le temps qui file…

– Et environ 8h (4 cessions de 2h) pour écrire ces 4 articles! 😉

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À très bientôt pour la suite des aventures…

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PRÉCISIONS IMPORTANTES :

Afin qu’il n’y ait aucune ambiguïté, à aucun moment je ne prétends savoir mieux que quiconque concevoir et réaliser une canne à mouche, et surtout pas mieux que ORVIS, qui fait un travail d’excellente qualité depuis des années et des années.

Cet article traite de mon appréhension du montage d’une canne à mouche, du type de montage imaginé pour ce que je recherche comme fonction à cette canne et adapté à ma façon bien particulière de pêcher! 🙂

D’un point de vue purement technique, le montage de canne ne modifie en rien les qualités intrinsèques d’un blank. Ni son action, ni sa puissance, ni sa rapidité. Un blank possède des caractéristiques techniques, physiques, dynamiques, il les conserve, n’en gagne pas, n’en perd pas au montage.

Le montage est là pour faire en sorte que l’utilisateur de la canne retrouve les caractéristiques du blank en action de pêche. Souvent le montage de la canne en restitue la majorité sans que l’on ait besoin de se poser des questions, mais il arrive parfois qu’il en gâche. C’est ainsi…