PARTIE 3 – LA POSITION DES ANNEAUX ET LES ÉQUIPEMENTS

Salut à tous,

Le travail sur le blank terminé, je m’attaque à la phase de la rénovation qui m’intéresse le plus, l’étude du remontage de la canne. On passe ici par un chapitre qui peut paraitre long et laborieux à lire 🙂 Il est cependant primordial dans la compréhension de la (re)construction de la canne!

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Comme abordé dans le chapitre 1, je fais très vite une analyse simple par rapport au montage d’usine de la canne : La charte d’espacement des anneaux me parait inadaptée, surtout sur le scion et le porte-scion.

D’une manière générale sur l’ensemble de la canne, je dirai que la charte est légèrement fantaisiste avec 5 espacements aux alentours de 21 cm🤔

Pour la dynamique de la soie dans les anneaux, les espacements d’anneaux ont moins d’importance en partie basse des brins, en tout cas pour cette canne, vu la raideur du talon et de l’avant-talon.

Rappel des mesures prises sur la canne montée d’usine puis démontée :

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Test ancien montage : Au niveau du scion, on voit bien que la soie est totalement décollée du blank, très mal guidée entre les 4 anneaux les plus importants pour cette fonction, le 1, le 2, le 3 et le 4.

Cela confirme les mesures prises, avec des écartements 13.5/18/21cm entre les anneaux 1, 2, 3 et 4. Ces espacements d’anneaux sont, par expérience, au minimum bizarres et techniquement pour le moins inadaptés, je vais essayer d’en exposer les raisons ci-dessous.

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Lorsqu’on parcours les différents avis émis sur cette canne, le seul reproche technique qu’il ait été fait, c’est le manque et la perte de précision à longue distance. C’est un peu embêtant pour une canne dédiée casting!

Les tests de lancers que j’ai effectué ont bien confirmé ce point négatif, c’est vraiment flagrant dès que l’on a plus de 9/10 mètres de soie dehors, ça part un peu dans tous les sens. La comparaison avec ma canne 10ft #5 est flagrante…

Et bien je ne suis absolument pas surpris par ces remarques! elles sont même techniquement d’une logique implacable vis à vis du montage d’usine qui a été effectué.

Lorsqu’on combine sur le scion : Souplesse + Nombre d’anneau trop faible + Écartement d’anneau trop grand, on arrive forcément à un battement de la soie dans tous les sens sur cette zone et donc une perte de précision importante.

C’est la qualité de la guidance et la qualité des appuis dans le scion qui donne sa précision à une canne.

Je vais donc travailler la position des anneaux en raisonnant différemment du montage usine réalisé par Orvis. La souplesse et la sensibilité du scion étant la particularité de cette canne, je vais resserrer les anneaux à ce niveau afin d’essayer de gommer le défaut de précision au lancer et donner une meilleure charge (donc de meilleurs appuis) de la soie dans cette zone de la canne.

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Pour les nouvelles positions d’anneaux, je me base sur une charte progressive que je maîtrise parfaitement pour une canne 10 pieds et que je vais adapter millimètre par millimètre en faisant des essais à blanc.

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je passe d’emblée sur 5 anneaux au niveau du scion et 3 anneaux au niveau du porte-scion. On conserve le même nombre d’anneaux sur ces 2 brins que sur la canne d’origine, mais gros changement au niveau de la répartition. 4 anneaux sur le scion pour une 10′ c’est vraiment trop juste. À part sur une canne à l’action de pointe très marquée avec gros N° de soie, et encore…

L’idée générale est de chercher à améliorer la guidance de la soie dans la zone haute, les anneaux étant beaucoup plus resserrés et mieux répartis.

Autre modification dans la répartition, il n’y aura plus d’anneau de départ sur le talon, les écartements des anneaux deviennent plus progressifs tout au long du blank et largement écartés dans les zones très rigides de celui-ci. le premier anneau de départ se situera sur l’avant-talon.

Changement important également, bye bye les serpentiformes, on passe en monopatte ultra-légers avec les Forecast Light Wire LWHSFGP. j’ai déjà utilisé ces anneaux à plusieurs reprises, ils donnent entière satisfaction en terme de poids et de solidité. En anneau N°1 il y aura un REC Recoil RSN serpentiforme pour pallier les éventuelles cession nymphe.

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Montage des anneaux en provisoire, Test à blanc : c’est quand même bien mieux au niveau du scion ! 😉

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Sur les espacements entre le blank et la soie les gains sont les suivants :

  •     entre anneaux 1 et 2 –> env. 1 cm
  •     entre anneaux 2 et 3 –> env. 2 cm
  •     entre anneaux 3 et 4 –> env. 1,5 cm
  •     entre anneaux 4 et 5 –> env. 1 cm

La différence est vraiment importante! je mettrai presque ma main au feu que l’on va gagner en précision au lancer! 😀

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ATTENTION : Avant de tester un blank, il est extrêmement important de réaliser les ligatures d’emboitement! Ce petit détail (qui n’en est pas un!) pourra vous éviter de gros désagréments (brins qui se fendent ou autres).

Bien sur, une ligature d’emboitement se réalise brins emboités et alignés 😉 Ici les points d’alignements sont réalisés avec du Tinsel 0,5mm, faisant un petit rappel doré de l’écriture Orvis sur le PM (porte-moulinet).

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Au niveau de la poignée, j’aspire à rester sur des spécificités ORVIS, mais avec ce qu’ils réalisent aujourd’hui, parce que à l’époque, ils avaient fait une très belle poignée mais beaucoup trop fine et petite!

C’est Nicolas39 qui m’a très gentiment communiqué les côtes de la poignée de sa canne Orvis 3F, je l’en remercie ici! 😉

La mise en forme du liège est réalisée. Il restera à faire l’évidement pour le porte-moulinet.

Mais quelle déception ce liège flor CORK4US!!! lamentable! On n’a vraiment pas les mêmes notions de la qualité Fleur de liège… 🙁  Par contre la notion de pigeon…

Cependant, le liège est dense, la poignée sera rigide et solide, c’est le minimum attendu!

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Au niveau du porte-moulinet, après plusieurs essais et hésitations esthétiques, puis pesées comparées (on parlera du poids plus loin), changement de look et de stratégie! Avec les ligatures noires aux emboitements et grenat sur les anneaux, le skeleton sera un DL2 Black en support de l’insert d’origine grenat écriture Orvis en doré.

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Le choix de ce porte-moulinet n’est pas innocent, car en ce qui concerne le poids d’ensemble de la canne et en particulier de chaque brin… Reprenons au début ! 😉

Lorsque pour la première fois j’ai déballé la canne, ma première impression en attrapant le talon de la canne a été : « il est vraiment léger! » rappelez-vous de ma remarque au chapitre 1 : Le fait que le talon soit léger donne un petite sensation de déséquilibre vers l’avant de la canne qui peut être désagréable, elle a tendance a piquer du nez.

Et lors de la pesée des éléments : Orvis a volontairement souhaité gagner le poids de sa canne sur ce brin, avec un porte-moulinet très léger une poignée liège très fine sur un blank très conique avec peu d’épaisseur de matière (moins de 1 mm).

On a donc un talon équipé de 55 gr. Soit 31gr pour les équipements (1 Anneau de départ + poignée + porte-moulinet + colle) puisque le brin nu fait 24 gr.

Afin de travailler un peu sur l’équilibre général de la canne, chose rare, j’ai décidé de ne pas chercher à gagner du poids et même, d’en faire prendre très légèrement au talon de la canne!

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Avec la résine/colle (environ 2/3 gr) on devrait arriver aux alentours de 35 gr au total pour la poignée et le porte-moulinet, donc un brin (talon) équipé de 59 gr.

Cette petite modification d’équilibre dans les brins ne gommera pas complètement cette impression de « pique du nez », mais l’améliorera légèrement. Tout est bon à prendre, ça se joue au gramme près sur nos cannes à mouches! 🙂

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Il ne reste plus qu’à assembler et monter définitivement tout ce matériel et faire les finitions! 🙂

TEMPS PASSÉ :

Environ 8h en tout

– 4h de tests de position des anneaux (2 cessions de 2h)

– Environ 1h de ligatures d’emboitements et changement anneau de tête,

– Environ 2h (2 cession de 1h) pour la mise en forme de la poignée,

– Environ 1h pour le porte-moulinet.

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Fin de la troisième partie… À très bientôt pour la suite des aventures!

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PRÉCISIONS IMPORTANTES :

Afin qu’il n’y ait aucune ambiguïté, à aucun moment je ne prétends savoir mieux que quiconque concevoir et réaliser une canne à mouche, et surtout pas mieux que ORVIS, qui fait un travail d’excellente qualité depuis des années et des années.

Cet article traite de mon appréhension du montage d’une canne à mouche, du type de montage imaginé pour ce que je recherche comme fonction à cette canne et adapté à ma façon bien particulière de pêcher! 🙂

D’un point de vue purement technique, le montage de canne ne modifie en rien les qualités intrinsèques d’un blank. Ni son action, ni sa puissance, ni sa rapidité. Un blank possède des caractéristiques techniques, physiques, dynamiques, il les conserve, n’en gagne pas, n’en perd pas au montage.

Le montage est là pour faire en sorte que l’utilisateur de la canne retrouve les caractéristiques du blank en action de pêche. Souvent le montage de la canne en restitue la majorité sans que l’on ait besoin de se poser des questions, mais il arrive parfois qu’il en gâche. C’est ainsi…